Plutôt que de mourir idiot, je me suis dit qu'il fallait bien que je
prenne connaissance du cas Hessel, il me fallait surtout comprendre d’où
vient cet engouement quasi unanime et universel à son sujet !
J'ai
donc pris le temps de lire sa prose. Rien de bien spectaculaire le
livre fait 32 pages, environ la moitié est réservée au texte, le reste
sert à l'introduction et autres éléments biographiques. Ainsi, avant de
me pencher sur ce phénomène de mode de voir des indignés de partout
brandissant ce pamphlet telle la parole des Évangiles reprise en chœur
par je ne sais quelle secte de Témoins de Jehova ou le livre de
Mao pour les communistes nostalgiques, il me paraît important de
préciser ceci : J'avais comme tout le monde entendu que le « doyen des
droits de l'homme » faisait une fixation, dans son indignation, sur le problème palestinien. Mais j’étais loin d’imaginer à quel point !
En
effet : Après avoir disserté, sur l’intérêt à s’indigner, à partir de
notions on ne peut plus vagues, et de lieux on ne peut plus communs, le
grand humaniste nous dévoile, ce qui visiblement a dû motiver sa prose :
« Aujourd'hui, ma principale indignation concerne la Palestine, la bande de Gaza, la Cisjordanie. Ce conflit est la source même d'une indignation. » (p. 17).
Stéphane Hessel ne s’arrête pas là, dans son style autant pathétique qu’affligeant, l’auteur enfonce le clou et affirme :
« Je sais, le Hamas qui avait gagné les dernières élections législatives n'a pas pu éviter que des rockets soient envoyées sur les villes israéliennes en réponse à la situation d'isolement et de blocus dans laquelle se trouvent les Gazaouis. Je pense bien évidemment que le terrorisme est inacceptable, mais
il faut reconnaître que lorsque l'on est occupé avec des moyens
militaires infiniment supérieurs aux vôtres, la réaction populaire ne
peut pas être que non-violente. » (p. 18).
Mais que
diable est-il arrivé à l’auteur pour s’être laisser aller à de telles
inepties ? Et surtout comment un éditeur sérieux a-t-il pu laisser
passer une telle coquille ? On est précisément en train de nous dire ici
que le Hamas n’y est pour rien si des terroristes en manque
d’inspirations lancent des roquets sur les villes israéliennes, et même
qu’il aurait bien voulu empêcher que ça se produise, mais
malheureusement, et malgré tout leurs efforts de bonne volonté pacifique, il n'ont pu l’éviter !
Imaginez un instant que le propos avait été dit à l’envers, ça donnerait à peu près ceci :
« Je
sais, le Likoud qui avait gagné les dernières élections législatives en
Israël n'a pas pu éviter qu'une branche radicale de son armée infiltre
les villes palestiniennes en réponse aux rockets incessantes envoyées
sur les villes israéliennes ! Provoquant la mort de plus de 1400 civils !
Je pense bien évidemment qu'un tel comportement est inacceptable, mais
il faut reconnaître que lorsque l'on est harcelé avec des rockets
obligeant la population civiles des villes frontalière israéliennes à se
cacher dans des abris comme des voleurs, avec des méthodes qu'on ne
peut pas réglementer, que la réaction de certains puisse être à ce point
disproportionnée. »
On peut imaginer le
tollé médiatique qu’aurait pu provoquer de tels propos, s’ils avaient
été écrits sous cette forme ! Sans parler des réseaux sociaux qui se
seraient acharnés sur le pauvre vieillard comme sur le pauvre monde !
Certes dans la suite de l'ouvrage l’auteur amoindri quelque peu son
scoop et finit par reconnaitre du bout des lèvres que de telles actions
ne servent pas la cause du Hamas, mais voilà qu’il se ressaisit aussitôt
pour nous dire :
« Ça ne sert pas sa cause [du Hamas], mais on peut expliquer ce geste par l'exaspération des Gazaouis. […] Alors, on peut se dire que le terrorisme est une forme d'exaspération.
Et que cette exaspération est un terme négatif. […] L'exaspération est
un déni de l'espoir. Elle est compréhensible, je dirais presque qu'elle est naturelle, mais pour autant elle n'est pas acceptable. Parce qu'elle ne permet pas d'obtenir les résultats que peut éventuellement produire l'espérance. »
Ainsi
le donneur de leçon des droits de l’homme na rien d’autre à affirmer,
pour dénoncer le terrorisme, que de le réduire à une simple
exaspération ! C’est là la seule raison qui fait que c’est négatif !
Qu’importe si ça provoque la mort d’innocents, au contraire c’est là une
attitude on ne peut plus naturel, dans une logique résistante !
Ainsi c’est uniquement du fait que ça n’apporte aucune solution de
fond, pour l’intérêt de ceux qui s’y emploient, qu’il vaut mieux
l’éviter et préférer une attitude « non violente » !
Il me
paraît inutile à ce stade d’épiloguer davantage. Il y a méprise sur la
marchandise et contrefaçon pour les misérables lecteurs. Aussi, ce qui
m'intéresse plus dans cette affaire ce n’est pas tant le propos, qui en
dit long sur les motivations du vieillard aigri, mais sur le phénomène
Hessel. Phénomène interplanétaire, s’il en est !
Nous
avons en place l’illustration même de ce qu’on peut appeler la défaite
de la pensée. Le fait qu’un tel ouvrage ait pu acquérir l’adhésion quasi
unanime, et déchaîner tant de passions, bien plus que les plus grandes
stars du show-biz, en dit long sur la société dans laquelle nous vivons.
C’est là à mon avis le signe de la décadence la plus manifeste de notre
époque, celle du prêt à penser, du jetable. Voilà comment la génération
du zapping trouve ici les plus belles pages de son histoire.
Comment
après le siècle des lumières, après tant de philosophes et
intellectuelles qui se sont efforcer d’éclairer le monde, on en soit
arriver à nous faire avaler un manifeste aussi médiocre, qui, en
s’affirmant vouloir nous montrer la voie de l’indignation n’affirme
absolument rien, et ça marche ! Il suffit d’un « livre », qui ne vaut
pas plus qu'un article de magazine dirait Lévinas, moins de 25 pages,
pour créer un engouement interplanétaire et bouleverser le monde ! Il en
faut si peu pour séduire la terre entière ! Consternant.
Si
le but de l’auteur était de nous apprendre que le problème israélo
palestinien est LE problème du monde aujourd'hui, que c’est là la
première cause d’indignation, qui légitime toutes les autres, merci on
le savait déjà ! « Rien de nouveau sous le soleil » dirait
l’Ecclésiaste, c’est précisément ce que martèlent sans cesse les médias
depuis plusieurs décennies !
Il ne s'agit pas de se
disculper des critiques nécessaires, voir même des dénonciations de la
politique aveugle du gouvernement israélien, dans ce conflit qui n’a que
trop duré, ce que nous dénonçons ici c'est cette capacité à séduire la
terre entière juste en les réconfortants dans une ineptie plus
qu'inquiétante comme quoi c’est ici que se résume le problème du monde.
En occultant résolument tous les autres, sans même toucher mot sur les
endroits dans le monde où les droits de l’homme sont réellement bafoués.
Inutile d’en dresser la liste. C'est ici que je me situe, si on veut
vraiment s'indigner intéressons nous aux vraies problèmes et cessons de
faire miroiter aux gens naïfs que le jour où l'État d'Israël sera
éradiqué de la planète, je grossis le trait à dessein, le monde en aura
fini de toutes ses misères !
Ce que je dis ici s'adresse
avant tout à cette jeunesse, c’est pour elle que je plaide, ces pauvres
gens, qu’on prends en otage pour leur faire croire dans la dimension
eschatologique du discours du doyen des droits de l’homme, comme s’il y
avait là LA solution à leur problème alors qu'il n'a fait qu’alimenter
leur profonde ignorance des vraies problèmes dont ils sont victimes !
Faire
dans l’antisémitisme c’est tourner résolument le dos aux vraies valeurs
des droits de l’homme pour lesquelles il vaut réellement la peine de
s’indigner ! Alors indignons-nous…
Hervé élie Bokobza
Hervé ton article est excellent, mais je me permets une remarque importante reprendre le chiffre de 1400 morts civils alors que le Hamas lui même a reconnu "Au premier jour de la guerre, Israël a visé des postes de police, et 250 martyrs ont été tués, du Hamas et d’autres factions", a affirmé Fathi Hammad.
RépondreSupprimer"En outre, entre 200 et 300 combattants des brigades Al-Qassam (le bras armé du Hamas, ndlr) et 150 membres des forces de sécurité sont morts en martyrs", a-t-il ajouté. Ces chiffres corroborent globalement le chiffre de 709 militants du Hamas et d’autres groupes palestiniens armés que l’armée israélienne dit avoir tués durant son offensive contre le territoire de Gaza.
Je rajouterai que l'on ne peut affirmer que le reste soit totalement des civils puisque les militants du Hamas peuvent aussi être en civils pour se fondre dans la foule, ou aider aux boucliers humains. Cela se rapproche donc du bilan évoqué par plusieurs sources que le nombre de civils tués est plus proche de 500, ce qui est déjà important.
Cette précision est a mes yeux très importante.
Est-ce que vous croyez que Hessel est une sorte de Kappo intellectuel? Ou plutot en qualite de champion des droits humains il a oublie les droits des juifs a fin de lui conferer une objectvite eupreme.
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